Détente

T21 - Quel est le rôle de l’État dans la régulation économique ?


 

Dans ces vidéos réalisées pour le MOOC "C'est quoi l'éco ?", Patrick Artus, chef économiste de Natixis et professeur d'économie associé à l'Université Paris 1, analyse la situation de l'économie française et apporte un éclairage sur la situation qui se dessine pour l'année à venir. Ces vidéos sont utilisables en classe de la seconde à la terminale, pour aborder l'étude de la conjoncture économique en France.
















1. Les rôles de l’État

L’État a trois principaux rôles économiques :

L’allocation des ressources

L’État produit des biens et services non marchands à destination des citoyens (les écoles, la gestion des réseaux de transport, les hôpitaux, etc.). Ces biens et services profitent aussi aux entreprises qui ont besoin de réseaux de transport et de communication efficaces par exemple.

La redistribution

L’État prélève des fonds (impôts) et les redistribue pour réduire les inégalités et limiter la pauvreté (allocation logement, bourses, RSA, etc.). Les ventes des entreprises sont directement liées à la consommation. En effet, réduire les inégalités participe au développement de la consommation car les ménages à faibles revenus vont consommer et peu épargner, contrairement à ceux qui bénéficient de hauts revenus.

La régulation

L’État essaie de limiter les déséquilibres économiques (croissance faible, chômage, inflation, etc.). La mise en place du chômage partiel lors de la crise du Covid-19 en est un exemple récent. La mise en place d’un climat de confiance est aussi bénéfique au développement des affaires.

2. Les objectifs et les outils des politiques économiques

L’État poursuit différents objectifs économiques :

- le développement de la croissance économique, indispensable pour faire face à de nombreux problèmes économiques et sociaux, notamment celui du chômage. La croissance permet l’élévation du niveau de vie général ; la richesse des nations et de ses citoyens en dépend. Sans elle, la marge de manœuvre de l’État pour établir son budget se réduit, comme celle des entreprises pour embaucher ou augmenter leurs salariés. Sans elle, le pouvoir d’achat stagne, les marchés financiers dépriment… La croissance d’un pays se mesure à l’évolution de son PIB (produit intérieur brut) sur une période donnée : mois, trimestre, semestre ou année. Le critère le plus significatif est la croissance du PIB par habitant : c’est lui qui mesure le degré d’enrichissement réel d’une population ;

- la diminution du taux de chômage, car un chômage élevé ralenti l’activité économique. Réduire le chômage participe ainsi à l’augmentation de la consommation et à l’accroissement du PIB ;

- la maîtrise du taux d’inflation : dans la zone euro, c’est la BCE (Banque centrale européenne) qui gère la politique monétaire des États membres ;

- le développement du commerce extérieur grâce à des entreprises compétitives sur le plan international.

 

Pour atteindre ces objectifs, l’État met en place des politiques économiques qui peuvent être structurelles ou conjoncturelles :

 

Politiques structurelles

Politiques conjoncturelles

(politique budgétaire et politique monétaire)

Objectif

Améliorer la structure de l’économie pour favoriser la croissance à long terme.

Limiter les déséquilibres économiques (inflation, chômage, faible croissance…) liés à la conjoncture (à court terme).

Exemples

Grands travaux d’infrastructure (ex. : construction d’autoroutes pour favoriser le transport de marchandises) ; amélioration des réseaux de télécommunication.

Baisse de la TVA pour augmenter la consommation ; baisse des charges sociales pour inciter les employeurs à recruter ; baisse des taux d’intérêt pour favoriser les investissements.

3. Les limites des politiques économiques

L’État n’a pas l’entière maîtrise de sa politique budgétaire en raison de son adhésion à la zone euro. En effet, dans son Pacte de stabilité et de croissance (PSC), l’Union européenne impose aux pays membres de la zone euro un déficit public ne dépassant pas la barre des 3 % du PIB et une dette publique inférieur à 60 %. Cela oblige donc les pays membres, qui ne sont pas totalement libres de déterminer leur politique budgétaire, à limiter leurs dépenses publiques. Ces contraintes impactent aussi les entreprises françaises, car l’État ne peut pas dépenser l’argent qu’il souhaite pour soutenir leur développement et leur compétitivité.

En période de crises majeures, ces contraintes sont cependant assouplies car l’Union européenne est consciente que sans dépenses publiques, les pays européens risqueraient de subir de graves chocs conjoncturels (hausse du chômage, faillites d’entreprise…).

La France, qui a fixé un taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés élevé, est particulièrement touchée par l’évasion fiscale. Ce phénomène entraîne un manque à gagner pour le pays qui voit son budget amputé d’une partie de ses recettes. L'État doit alors compenser en trouvant d’autres sources de financement ou en réduisant ses dépenses publiques.

La politique monétaire est pilotée par la Banque centrale européenne, l’État n’a aucune prise sur elle. La BCE a pour objectif de maintenir un taux d’inflation autour de 2 %. Pour cela :

-        elle augmente ou baisse ses taux directeurs, le taux de refinancement qui est le taux auquel elle prête des fonds aux banques commerciales (Crédit agricole, Crédit mutuel, BNP…) ;

-        elle utilise son taux de rémunération des dépôts qui rémunère les dépôts des banques commerciales sur leur compte à la banque centrale).

Les politiques économiques encouragent principalement la croissance économique. Or cette dernière n’est pas l’indicateur le plus approprié pour mesurer le bien-être d’une population. Le Programme des Nations unies a mis en place un indicateur plus évocateur de ce bien-être : l’IDH (indice de développement humain), qui se mesure grâce à trois critères : le PIB par habitant, l’espérance de vie et le niveau d’éducation.

La recherche d’une croissance économique toujours plus importante a aussi des conséquences sur la planète : raréfaction des ressources naturelles, disparition d’espèces animales, déforestation, urbanisation, destruction de la couche d’ozone, pollution des sols, pollution de la mer avec les déchets toujours plus nombreux, etc.



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