Dans ces vidéos réalisées pour le MOOC "C'est quoi l'éco ?", Patrick Artus, chef économiste de Natixis et professeur d'économie associé à l'Université Paris 1, analyse la situation de l'économie française et apporte un éclairage sur la situation qui se dessine pour l'année à venir. Ces vidéos sont utilisables en classe de la seconde à la terminale, pour aborder l'étude de la conjoncture économique en France.
- Vidéo 1 : La situation de l'économie française en 2015 et les prévisions pour 2016
- Vidéo 2 : La situation de l'économie française en 2016 et les prévisions pour 2017
1. Les rôles de l’État
L’État a trois principaux rôles
économiques :
L’allocation des
ressources |
L’État produit des
biens et services non marchands à destination des citoyens (les écoles, la
gestion des réseaux de transport, les hôpitaux, etc.). Ces biens et services
profitent aussi aux entreprises qui ont besoin de réseaux de transport et de
communication efficaces par exemple. |
La redistribution |
L’État prélève des
fonds (impôts) et les redistribue pour réduire les inégalités et limiter la
pauvreté (allocation logement, bourses, RSA, etc.). Les ventes des
entreprises sont directement liées à la consommation. En effet, réduire les
inégalités participe au développement de la consommation car les ménages à
faibles revenus vont consommer et peu épargner, contrairement à ceux qui
bénéficient de hauts revenus. |
La régulation |
L’État essaie de
limiter les déséquilibres économiques (croissance faible, chômage, inflation,
etc.). La mise en place du chômage partiel lors de la crise du Covid-19 en
est un exemple récent. La mise en place d’un climat de confiance est aussi bénéfique
au développement des affaires. |
2. Les objectifs et les outils des politiques économiques
L’État
poursuit différents objectifs économiques :
- le développement de la croissance économique,
indispensable pour faire face à de nombreux problèmes économiques et sociaux, notamment
celui du chômage. La croissance permet l’élévation du niveau de vie général ; la
richesse des nations et de ses citoyens en dépend. Sans elle, la marge de
manœuvre de l’État pour établir son budget se réduit, comme celle des
entreprises pour embaucher
ou augmenter leurs salariés. Sans elle, le pouvoir d’achat stagne, les marchés financiers
dépriment… La croissance d’un pays se mesure à l’évolution de
son PIB (produit intérieur brut) sur une période donnée : mois, trimestre, semestre ou année. Le critère le plus
significatif est la croissance du
PIB par habitant : c’est lui qui mesure le degré
d’enrichissement réel d’une population ;
- la diminution du taux de chômage, car un chômage élevé ralenti l’activité économique. Réduire
le chômage participe ainsi à l’augmentation de la consommation et à
l’accroissement du PIB ;
- la maîtrise du taux d’inflation : dans la zone euro, c’est
la BCE (Banque centrale européenne) qui gère la politique monétaire des États
membres ;
- le développement du commerce extérieur grâce à des
entreprises compétitives sur le plan international.
Pour atteindre ces
objectifs, l’État met en place des politiques économiques qui peuvent être
structurelles ou conjoncturelles :
|
Politiques structurelles |
Politiques conjoncturelles (politique budgétaire et politique monétaire) |
Objectif |
Améliorer la
structure de l’économie pour favoriser la croissance à long terme. |
Limiter les
déséquilibres économiques (inflation, chômage, faible croissance…) liés à la
conjoncture (à court terme). |
Exemples |
Grands travaux
d’infrastructure (ex. : construction d’autoroutes pour favoriser le
transport de marchandises) ; amélioration des réseaux de
télécommunication. |
Baisse de la
TVA pour augmenter la consommation ; baisse des charges sociales pour
inciter les employeurs à recruter ; baisse des taux d’intérêt pour
favoriser les investissements. |
3. Les limites des politiques économiques
L’État
n’a pas l’entière maîtrise de sa politique budgétaire en raison de son adhésion
à la zone euro. En effet, dans son Pacte de stabilité et de croissance (PSC),
l’Union européenne impose aux pays membres de la zone euro un déficit public ne
dépassant pas la barre des 3 % du PIB et une dette publique inférieur à 60 %.
Cela oblige donc les pays membres, qui ne sont pas totalement libres de
déterminer leur politique budgétaire, à limiter leurs dépenses publiques. Ces
contraintes impactent aussi les entreprises françaises, car l’État ne peut pas
dépenser l’argent qu’il souhaite pour soutenir leur développement et leur
compétitivité.
En
période de crises majeures, ces contraintes sont cependant assouplies car
l’Union européenne est consciente que sans dépenses publiques, les pays
européens risqueraient de subir de graves chocs conjoncturels (hausse du
chômage, faillites d’entreprise…).
La
France, qui a fixé un taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés élevé, est
particulièrement touchée par l’évasion fiscale. Ce phénomène entraîne un manque
à gagner pour le pays qui voit son budget amputé d’une partie de ses recettes. L'État
doit alors compenser en trouvant d’autres sources de financement ou en réduisant
ses dépenses publiques.
La
politique monétaire est pilotée par la Banque centrale européenne, l’État n’a
aucune prise sur elle. La BCE a
pour objectif de maintenir un taux d’inflation autour de 2 %. Pour cela :
-
elle
augmente ou baisse ses taux directeurs, le
taux de refinancement qui est le taux auquel elle prête des fonds aux banques
commerciales (Crédit agricole, Crédit mutuel, BNP…) ;
-
elle utilise son
taux de rémunération des dépôts qui rémunère les dépôts des banques
commerciales sur leur compte à la banque centrale).
Les politiques économiques encouragent principalement la
croissance économique. Or cette dernière n’est pas l’indicateur le plus approprié
pour mesurer le bien-être d’une population. Le Programme des Nations unies a
mis en place un indicateur plus évocateur de ce bien-être : l’IDH (indice
de développement humain), qui se mesure grâce à trois critères : le PIB
par habitant, l’espérance de vie et le niveau d’éducation.
La recherche
d’une croissance économique toujours plus importante a aussi des conséquences sur
la planète : raréfaction des ressources naturelles, disparition d’espèces
animales, déforestation, urbanisation, destruction de la couche d’ozone,
pollution des sols, pollution de la mer avec les déchets toujours plus
nombreux, etc.
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